Habitué à de très belles croissance chez Jaeger-LeCoultre, Jérôme Lambert, à la tête de Montblanc depuis l‘été 2013, est aujourd’hui dans une position nouvelle avec la marque de Hambourg. Si, lors du dernier exercice clos au 31 mars 2013, le leader mondial des instruments d’écriture a réalisé un chiffre d’affaires de € 766 millions pour un bénéfice opérationnel de € 120 millions, les résultats des neuf premiers mois du nouvel exercice présentent un recul des ventes de 3 à 4%. C’est précisément pour redonner tout son dynamique à la marque, un temps la deuxième du groupe, que Jérôme Lambert a été appelé par Richemont à la barre de la Maison. L’homme aime les défis ; il a de l’énergie à revendre ; et à entendre ses collaborateurs, il est entré comme une tornade dans l’entreprise. Le rythme imposé en a surpris plus d’uns mais « les équipes sont extrêmement motivées et parfaitement compétentes », relève le CEO.
Centrage sur les fondamentaux
Pour Jérôme Lambert, la mission qui lui a été confiée consiste en premier lieu à « libérer la créativité et l’inventivité de la Maison. Et à valoriser le contenu de Montblanc, marque de substance. » Au Salon International de la Haute Horlogerie (SIHH) 2014, le CEO a déjà pu démontrer qu’il avait posé sa patte sur les collections horlogères de la Maison hambourgeoise. C’est notamment avec le lancement de la nouvelle collection Heritage que le leader mondial des instruments d’écriture entend marquer son territoire. Pour asseoir l’ancrage de la marque dans l’univers de la mesure du temps et pour renforcer sensiblement son image horlogère, rien de tel que de s’appuyer sur des grands classiques. Heritage est donc une ligne « plus horlogère et moins littéralement Montblanc », selon Jérôme Lambert. Des montres intemporelles, qui incarnent tous les fondamentaux traditionnels tels qu’on les retrouve dans les catalogues de la quasi-totalité des marques historiques. C’est donc moins l’originalité que la reconnaissance horlogère qui est aujourd’hui recherchée.
Jérôme Lambert, qui entend globalement « redonner de l’énergie et de l’audace à la création Montblanc », a donc commencé par poser de nouvelles bases saines, pour mieux reconstruire. « Nous avons 150 personnes au Locle, près d’une quarantaine à Villeret ; nous comptons 5 constructeurs et nous disposons clairement d’une expertise horlogère que ne peuvent pas revendiquer toutes les marques actives dans notre segment de base », souligne-t-il. L’activité horlogère Montblanc, avec ses 90’000 montres vendues annuellement, pèse aujourd’hui quelque 25% de son chiffre d’affaires, soit près de € 200 millions, au même niveau que le cuir mais loin derrière les instruments d’écriture, métier historique de la marque, qui représentent 40% à 45% des ventes. Les 5% à 10% restants sont notamment le fait des bijoux et de la joaillerie. A noter que cette répartition entre métiers varie grandement d’un marché à l’autre. En Suisse par exemple, l’horlogerie est la première activité de Montblanc.
Combler un vide
Esthétique élégante et design intemporel, tels sont les deux principes qui ont guidé la conception de la nouvelle collection Heritage. Dont une montre retiendra d’emblée l’attention des amateurs : un chronographe classique monopoussoir à deux compteurs, dont le design vintage n’a rien à envier à ceux des plus prestigieuses manufactures. Cette édition limitée à 90 pièces intègre un mouvement Montblanc Minerva de très belle tenue. La nouvelle collection intègre également un quantième perpétuel des plus classiques, un modèle phases de Lune, un modèle trois aiguilles date et une pièce automatique heures et minutes. Excepté le chronographe monopoussoir disponible uniquement en or rose, les autres modèles sont proposés en or rose ou acier.
Cette collection Heritage a également pour objectif de combler le vide qui existait jusqu’alors chez Montblanc entre les collections courantes, cœur de gamme de la marque à quelques milliers d’euros, et les collections Montblanc Villeret, plus proche de la centaine de milliers d’euros.
Au sorti de ce SIHH 2014, chacun aura compris que Montblanc, outre sa volonté d’accroître sa position de leader incontesté dans les instruments d’écriture, entend renforcer sa position sur le segment de la mesure du temps. Le top 20 horloger auquel la marque appartient aujourd’hui ne saurait lui suffire. Mais qui dit croissance, notamment dans le segment médian, dit naturellement capacités manufacturières. La marque songe-t-elle à se doter, à l’image de pratiquement toutes les autres marques du groupe, d’une manufacture apte à produire des dizaines de milliers de mouvements par an ? « Il est un peu tôt pour répondre formellement à cette question », esquive Jérôme Lambert. Mais la question reste posée.
Article paru dans le WtheJournal.com