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50 ans de discussions sur le climat
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50 ans de discussions sur le climat

mardi, 30 août 2022
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Christophe Roulet
Rédacteur en chef, HH Journal

“Vouloir est la clé du savoir.”

« Une trentaine d’années passées dans les travées du journalisme, voilà un puissant stimulant pour en découvrir toujours davantage. »

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21 min de lecture

Le réchauffement climatique est devenu l’une des préoccupations majeures de ce siècle, ou du moins elle devrait l’être. Rien de nouveau, pourrait-on dire, si l’on se penche sur la chronologie des discussions au sujet de la santé de la planète. Un petit vade-mecum s’impose.

« Celui qui croit qu’une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » Cette pensée du philosophe économiste Kenneth E. Boulding (1910-1993) est plus que jamais à méditer, 50 ans après le premier sommet de la Terre et dans un environnement où la hausse du PIB mondial est encore et toujours considérée comme le meilleur baromètre santé. Si l’on remonte dans le passé, il n’est pourtant pas difficile d’observer les premiers signaux d’alarme. En 1967, Syukuro Manabe, climatologue japonais réalise une première simulation fiable par ordinateur permettant de calculer que la température moyenne mondiale pourrait augmenter de plus de 2,5°C si le niveau de CO₂ doublait par rapport à celui de l’ère préindustrielle. Un signe qui ne trompe pas : Syukuro Manabe devra attendre 2021 pour voir ses travaux couronnés du prix Nobel de physique. Un demi-siècle durant lequel les connaissances sur la question ont connu une courbe inversement proportionnelle aux mesures qu’elles auraient dû engendrer.

Toute l’effervescence scientifique aura donc servi à cette conclusion aussi simple qu’implacable : le réchauffement climatique de ces 50 dernières années est dû à l’homme. L’effet de serre naturel s’est intensifié en raison des émissions générées par la combustion de combustibles fossiles (pétrole, gaz, charbon) et par l’exploitation des terres. En d’autres termes, la croissance exponentielle de la population et de l’économie, couplée à un mode de vie orienté consommation mondialisée, n’a cessé d’augmenter les émissions de CO₂, dont la concentration atteint à l’heure actuelle son plus haut niveau depuis 800’000 ans et… continue de croître. Sur ces bases, il n’est guère difficile de comprendre qu’à moins de changements radicaux dans nos modes de vie, voire de nos modes de pensée, et/ou d’une volonté gouvernementale pour, éventuellement, en imposer les prémisses, les chances d’inverser la tendance paraissent de plus en plus ténues. Quel constat fait-on aujourd’hui ? En 2019, la température moyenne de la planète se situait 1,1°C au-dessus de celle de l’ère préindustrielle. Le réchauffement climatique dû aux humains augmente actuellement de 0,2°C par décennie. Au-delà du seuil des 2°C, le pire est à craindre…

Sommet de la Terre, COP, GIEC, protocole de Tokyo, accords de Paris… Tout le monde a entendu ces acronymes ou ces références sur le climat. En conséquence, une définition des termes, quelques éclaircissements sur le contexte et un rappel de la chronologie peuvent se révéler utiles.

Chronologie

1972 – Sommet de la Terre Stockholm
Les sommets de la Terre sont des rencontres organisées tous les 10 ans dans le cadre de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ces rencontres sont dédiées au développement durable. Le premier sommet, à Stockholm, a donné naissance au Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Le terme « réchauffement » apparaît pour la première fois lors de ce premier sommet de la Terre, qui a défini ce phénomène global affectant la planète et anticipé ses conséquences.

1988 – Création du GIEC
Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) est créé. Il réunit 130 pays, 2’500 intellectuels, 130 représentants des gouvernements, 800 auteurs. Le groupe I est composé de scientifiques ; le groupe II évalue les impacts des découvertes scientifiques sur le monde ; le groupe III étudie les répercussions démographiques, sociologiques et économiques du changement climatique. Le GIEC, placé sous l’égide du PNUE et de l’OMM, est chargé du suivi scientifique des processus de réchauffement climatique.

1990 – Rapport du GIEC
En 1990, le premier rapport du GIEC est publié. Il entraîne le début des négociations officielles sur un futur accord international concernant le changement climatique qui sera signé en 1992. Cette convention-cadre vise à empêcher « toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». Les pays industrialisés conviennent de mettre en œuvre des politiques et des mesures dans le but de stabiliser les émissions de gaz à effet de serre (GES) pour les ramener au niveau de 1990 dès l’an 2000.

1992 – Sommet de la Terre, Rio
Le sommet organisé à Rio de Janeiro (Brésil) en 1992 a notamment adopté la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), dont les pays signataires se retrouvent annuellement à l’occasion des Conférences des Parties à la convention (COP). Cette convention-cadre est le premier traité international sur le changement climatique. Elle est entrée en vigueur en 1994. La convention reconnaît l’existence des changements climatiques et la responsabilité humaine dans ce phénomène. Elle vise à stabiliser les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’origine humaine dans l’atmosphère à un niveau qui ne met pas en danger le climat mondial. Elle est signée par 196 États et l’Union européenne. Avec le sommet de la Terre à Rio en 1992, les dirigeants politiques ont initié une politique de « partenariat mondial » de lutte contre le réchauffement de la planète.

1995 – COP 1, Berlin
La première COP a lieu en 1995 à Berlin. Elle fixe pour chaque pays ou région des objectifs chiffrés en matière d’émissions de gaz à effet de serre et de réductions correspondantes à atteindre. Cet engagement chiffré passe une série de mesures et d’engagements politiques.

1996 – 2e rapport du GIEC – COP 2, Genève
La deuxième COP se déroule à Genève, juste après la publication du deuxième rapport du GIEC. Celui-ci insiste sur le rôle des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique. Il y est déclaré et admis que : « Les changements climatiques représentent un danger pour l’humanité. »

1997 – COP 3, Kyoto
En 1997, la troisième COP se déroule à Kyoto. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, un protocole contraignant visant à encadrer les émissions de CO₂ de plus d’une centaine de pays est élaboré. Les objectifs sont chiffrés : réduire de 5,2 % les émissions de gaz à effet de serre planétaires d’ici 2020 en se servant de l’année 1990 comme référence. Pour que le protocole de Kyoto puisse entrer réellement en vigueur, il fallait qu’au moins 55 pays ratifient le traité. Ce sera chose faite en 2002 lorsque l’Islande s’engage à réduire ses émissions. Le protocole sera officiellement ratifié en 2005 lors de la COP11 à Montréal.

Ces huit années entre 1997 et 2005 ont été à l’origine de négociations très fortes et d’une clarification de la mise en œuvre de ce protocole : mise en place de la méthodologie de comptabilité, des marchés d’émissions, des mécanismes de fonds propres, du système d’observation et de gouvernance… La grande déception du protocole de Kyoto vient du fait que les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre du monde n’aient pas ratifié ce traité : les États-Unis et la Chine. De la même manière, le Canada se retire du protocole de Kyoto en 2011. En pratique, les sanctions consécutives au non-respect du protocole de Kyoto n’ont jamais été clairement définies. L’accord n’a pas été légalement contraignant dans les faits.

2007 – 4e rapport du GIEC – COP 13, Bali
Ce quatrième rapport du GIEC conclut que l’essentiel de l’accroissement constaté de la température moyenne de la planète depuis le milieu du XXe siècle est « très vraisemblablement » dû à l’augmentation observée des gaz à effet de serre émis par l’homme. Le taux de certitude est supérieur à 90 %, contre 66 % en 2001. La même année, Al Gore et le GIEC reçoivent le prix Nobel de la paix.

Le Plan d’action de Bali constitue la décision qui ouvre officiellement les négociations post-2012, en vue de l’adoption d’un nouvel accord international d’ici fin 2009 pour donner une suite à la première période d’engagement du protocole de Kyoto. Les Parties ont décidé d’un processus de négociation post-2012 et se sont mises d’accord sur une liste des sujets à aborder dans le cadre de cette négociation. Ils sont au nombre de cinq : mise en place d’une « vision partagée sur la coopération à long terme » permettant d’atteindre l’objectif ultime de la convention ; modalités relatives à la réduction des émissions des pays développés et des pays en développement ; adaptation ; technologie ; financement.

2009 – COP 15, Copenhague
L’accord de Copenhague est un texte sans précédent qui rassemble des orientations à l’échelle planétaire sur le traitement du changement climatique, en particulier sur la réduction des émissions et les financements pour les pays en développement pour les prochaines décennies. Ce texte a permis d’obtenir des résultats sur 10 éléments concrets jamais obtenus auparavant. Il fixe notamment l’objectif de contenir le réchauffement climatique sous 2°C d’ici la fin du siècle et l’engagement d’un effort inédit de la part des pays développés de 30 milliards de dollars sur 2010-2012, porté à 100 milliards de dollars de financements publics et privés par an en 2020.

2012 – Sommet de la Terre, Rio
Ce sommet de la Terre, appelé aussi « Rio +20 » car tenu un nouvelle fois à Rio de Janeiro, a lancé le processus d’adoption des Objectifs mondiaux en faveur du développement durable (ODD), qui ont succédé aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), arrivés à échéance fin 2015.

2015 – COP 21, Paris
Le 12 décembre 2015, la COP 21 organisée en France s’est conclue par l’adoption de l’accord de Paris par les 195 nations représentées. C’est la première fois qu’un accord est adopté par tous les États. L’accord a pris la forme d’un protocole additionnel à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. L’accord de Paris doit succéder au protocole de Kyoto à partir de 2020. Celui-ci entérine que la communauté internationale fera tout son possible pour contenir le réchauffement climatique bien en dessous de +2°C, voire le limiter à +1,5°C. Pour atteindre cet objectif très ambitieux, tous les États se sont engagés à publier leurs propres objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).

2021 – COP 26, Glasgow
La COP26 a permis de rehausser l’ambition climatique mondiale, de finaliser les règles d’application de l’accord de Paris, d’adopter les règles d’un marché international du carbone et de finaliser le cadre de transparence des engagements des Parties à l’accord de Paris. De nombreux engagements sectoriels ont également été pris à travers plusieurs déclarations : réduction des fuites de méthane, fin des financements à l’étranger de projets d’exploitation d’énergies fossiles, protection des forêts tropicales, déploiement d’infrastructures et de technologies propres, réduction des émissions du transport international, ou créations de corridors maritimes verts.
Face à l’urgence, le pacte de Glasgow sur le climat prévoit désormais une révision annuelle de l’ambition et demande à tous les pays de réduire le recours au charbon. Les pays développés se sont engagés à doubler les financements pour l’adaptation au changement climatique entre 2019 et 2025.

2021-2022 – 6e rapport du GIEC
Le sixième rapport d’évaluation du GIEC, dont la rédaction a débuté en 2017-2018, rassemble les connaissances scientifiques les plus récentes et les plus complètes du système et des changements climatiques. Il se composera comme par le passé de quatre parties :

  • Changement climatique 2021 : Les bases scientifiques – août 2021
  • Changement climatique 2022 : Conséquences, adaptation et vulnérabilité – février 2022
  • Changement climatique 2022 : Atténuation des changements climatiques – mars 2022
  • Rapport de synthèse – septembre 2022

Selon le GIEC, si l’on veut contenir le réchauffement par rapport aux températures préindustrielles à 1,5 °C — selon celui des scénarios étudiés qui semble le plus favorable pour l’avenir —, l’année 2025 est la limite pour le début de la décrue des émissions de gaz à effet de serre.

2022 – COP 15 Biodiversité
En parallèle des négociations climatiques, une autre Convention-cadre des Nations unies créée en 1992 organise tous les deux ans d’autres « Conférences des Parties » (COP), portant celle-ci sur la biodiversité. Après deux années de réunions virtuelles, les 196 États membres de cette convention se sont retrouvés à Genève fin mars 2022 pour préparer la COP 15 qui doit avoir lieu à Kunming, en Chine, à la fin de l’été 2022. Les enjeux sont cruciaux puisqu’il s’agit d’adopter un nouveau cadre mondial afin de mettre un terme à l’érosion de la biodiversité d’ici 2020. Les accords d’Aichi, signés en 2010, prévoyaient d’atteindre cet objectif en 2020, sans l’ombre d’un succès. Vu les discussions de Genève, un accord semble encore très loin.

Okavango Air Rescue © Oris
Définitions

COP
La Conférence des Parties (COP) a été instituée lors de l’adoption de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) au sommet de la Terre à Rio de Janeiro en 1992. Elle est l’organe suprême de la convention et se réunit chaque année depuis 1995. Elle rassemble les représentants des États qui ont signé la CCNUCC, ainsi que les acteurs de la société civile que sont les organisations non gouvernementales (ONG), les collectivités territoriales, les syndicats, les entreprises… La COP a pour objectif de faire évoluer la CCNUCC en faisant le point sur l’application des engagements pris en faveur du climat, en les précisant, et en négociant de nouveaux engagements.

Sommet de la Terre
Les sommets de la Terre sont des rencontres organisées tous les 10 ans depuis 1972 dans le cadre de l’Organisation des Nations unies (ONU). Ces rencontres sont dédiées au développement durable.

GIEC
« Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a été créé en 1988 en vue de fournir des évaluations détaillées de l’état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade. » Le GIEC ne produit donc pas de nouvelles recherches ; il fait le point sur l’état des connaissances, à partir de l’évaluation critique des éléments issus des publications scientifiques. Ces évaluations sont fournies aux gouvernements afin d’élaborer des politiques et de définir des orientations, et servent de base de travail dans le cadre des négociations des COP (Conférences des Parties).

Le GIEC est composé de trois groupes de travail :

  • Le groupe I travaille sur les bases physiques du climat et analyse les climats passés, présents et futurs. Il établit différents scénarios possibles en fonction des émissions de gaz à effet de serre causées par l’humanité.
  • Le groupe II travaille sur la vulnérabilité des sociétés humaines, des écosystèmes et des systèmes socio-économiques face à la dérive climatique, les conséquences du changement climatique, et les options d’adaptation.
  • Le groupe III étudie l’atténuation du changement climatique, l’évaluation des méthodes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’élimination des gaz à effet de serre de l’atmosphère.
Rinzin Phunjok Lama et son collègue Tashi R. Ghale à l'affût de la vie sauvage à une altitude de 4 000 m dans la région du Trans-Himalaya au Népal. © Rolex
Notions de base

Le réchauffement climatique ?
Le réchauffement climatique est un phénomène causé par les gaz à effet de serre émis par les humains. Il se traduit par une augmentation très rapide de la température moyenne de l’atmosphère depuis les années 1850. Aujourd’hui, on peut affirmer avec certitude que la décennie 2011-2020 est plus chaude de 1,1°C que le demi-siècle 1850-1900. Les spécialistes de l’histoire du climat savent que la Terre ne s’est jamais autant réchauffée en aussi peu de temps. À l’échelle des temps géologiques, entre une période froide dite « glaciaire » et une période plus chaude interglaciaire, il n’y a que 4°C de différence en moyenne.

L’effet de serre ?
La Terre reçoit le rayonnement du Soleil à raison de 340 watts/m² au sommet de la haute atmosphère. Environ 30 % de cette énergie est réfléchie par les nuages et par la glace des calottes polaires ou des banquises et des glaciers. Sur un astre sans atmosphère, le reste serait absorbé par la surface et entièrement réémis sous forme de rayonnement infrarouge en direction de l’espace. La Terre possède toutefois une atmosphère, laquelle contient des gaz, comme la vapeur d’eau ou le dioxyde de carbone (CO₂), qui sont à l’origine d’un « effet de serre » naturel. Certaines molécules présentes dans l’atmosphère (eau, dioxyde de carbone, méthane) ont ainsi la capacité d’absorber le rayonnement infrarouge terrestre et de le réémettre dans toutes les directions, y compris vers la surface de la Terre. Grâce à ces gaz dits « à effet de serre » (GES), la température moyenne sur Terre est de +15°C ; sans eux, elle serait de -18°C ! Leur rôle a donc été bénéfique dans l’apparition et l’essor de la vie.

Les conséquences du réchauffement (exemple) ?
Le réchauffement climatique menace les équilibres de la planète. Comme l’a rappelé le dernier rapport du GIEC de mars 2022, la première espèce en péril est la nôtre : 3,3 à 3,6 milliards d’humains sont vulnérables. L’augmentation de la température des océans entraîne une dilatation de leurs eaux, qui se combine à la fonte accélérée des glaciers et calottes glaciaires pour causer une montée des eaux particulièrement inquiétante pour les îles et les deltas très peuplés comme le Bangladesh.

Les principaux gaz à effet de serre d’origine humaine ?
Ils sont au nombre de trois : le dioxyde de carbone (CO₂) ou gaz carbonique, le méthane (CH₄) et le protoxyde d’azote (N₂O), auxquels il faut ajouter la famille des gaz fluorés. En 2019, leurs émissions totales liées aux activités humaines ont représenté l’équivalent de 59,1 milliards de tonnes (ou gigatonnes, Gt) de CO₂.

Les grands émetteurs de CO₂ ?

  • Par pays :
    La Chine est, depuis le début des années 2000, le premier émetteur mondial avec 30,3 % des émissions de CO₂ en 2019. Suivent les États-Unis (13,4 %), l’Union européenne (7,7 %) et l’Inde (6,8 %). Entre 1990 et 2019, ce sont la Chine et l’Inde qui ont le plus contribué à la hausse globale des émissions (+68 %). Néanmoins, si on regarde le cumul des émissions dans l’histoire depuis 1850, on constate que les États-Unis et l’Europe portent la plus lourde responsabilité dans le réchauffement mondial avec respectivement 25 % et 22 %. Le poids historique de la Chine n’est que de 11 %, acquis de façon spectaculaire en seulement deux décennies.
  • Par secteurs économiques :
    Si on ne prend en considération que le CO₂ émis par combustion, la production d’électricité est le premier secteur responsable (40 %). Sur la dernière décennie, la demande mondiale en électricité a crû de 25 %. Les émissions de CO₂ associées n’ont toutefois augmenté que de 9 % grâce au déploiement de l’éolien et du photovoltaïque. Le charbon est à l’origine des trois quarts du CO₂ émis par le secteur de la production électrique. C’est particulièrement vrai en Chine. Aux États-Unis, en revanche, le gaz a pris le dessus, et la consommation de charbon est à la baisse.
  • Par niveaux de richesse :
    Si l’on compte dans l’empreinte carbone des individus les émissions de CO₂ dans leur pays, mais aussi celles liées à la consommation de biens et services importés, on constate que les riches émettent beaucoup plus que les autres. Selon l’ONG Oxfam, les 10 % d’humains les plus riches (environ 630 millions de personnes) sont à l’origine de 52 % des émissions cumulées sur la période 1990-2015 ; les 1 % les plus riches (environ 63 millions de personnes), de plus de 15 % des émissions cumulées, soit plus du double de celles des 50 % les plus pauvres (env. 3,1 milliards de personnes). La Paris School of Economics donne des valeurs très voisines : les 10 % les plus riches concentraient en 2019 près de 48 % des émissions globales (dont 17 % pour le 1 % de tête), tandis que la moitié la plus pauvre de l’humanité n’est responsable que de 12 % des émissions mondiales.

La science et le réchauffement climatique ?
Pour établir avec certitude que l’atmosphère se réchauffe, les spécialistes ont mesuré avec précision des dizaines d’indicateurs tels que la composition en gaz des glaces en Antarctique, la nature des pollens dans les tourbières ou la densité des squelettes de foraminifères — de minuscules animaux marins — au fond des océans. Ce travail de fourmi a permis de reconstruire la courbe de la température moyenne de l’atmosphère jusqu’à 800’000 ans dans le passé. Cette certitude s’appuie aussi sur des modèles climatiques. On désigne ainsi des outils mathématiques capables de répliquer sur ordinateur le fonctionnement du système Terre. Ils sont de complexité variable, mais les plus performants comptent des dizaines de milliers de lignes de code informatique traitées par des supercalculateurs qui savent reproduire les subtiles interactions et rétroactions entre l’atmosphère, les océans, la végétation… Sans eux, les climatologues ne pourraient pas tester leurs hypothèses, en particulier sur le passé. Or, les modèles ne parviennent pas à reproduire l’évolution des températures enregistrées depuis 1850 en prenant en compte les seuls facteurs naturels (variations de l’intensité du Soleil, effets du volcanisme). Seule l’intégration des émissions de GES d’origine humaine permet aux ordinateurs d’établir une correspondance avec les données mesurées.

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