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Selon WatchBox, l’e-commerce fait déjà partie du passé
Economie

Selon WatchBox, l’e-commerce fait déjà partie du passé

mardi, 28 août 2018
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Fabrice Eschmann
Journaliste indépendant

“Il faut se méfier des citations sur Internet !”

« Une grande histoire aux multiples auteurs : ainsi en est-il de la vie. Ainsi en va-t-il aussi de l’horlogerie. Sans rencontres, point d’histoire. »

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7 min de lecture

La plate-forme digitale de vente de montres d’occasion vient d’ouvrir une antenne en Suisse. Son Vice-Président Exécutif Patrick Hoffmann, ancien CEO d’Ulysse Nardin, nous a reçus dans ses locaux de Neuchâtel afin de détailler le fonctionnement de ce nouvel acteur de l’horlogerie qui propose bien plus que de la vente en ligne.

Cofondée en 2017 par Danny Govberg, propriétaire de Govberg Jewelers à Philadelphie – l’un des principaux revendeurs agréés de montres neuves et d’occasion au niveau mondial –, Tay Liam Wee, à la base de l’introduction en Bourse de Sincere Watch à Hong Kong et à Singapour, et Justin Reis, spécialiste de capital-investissement en Asie, la plate-forme de vente de montres de luxe d’occasion WatchBox s’est rapidement développée, jusqu’à posséder aujourd’hui un stock valant 67 millions de dollars. De 45 employés, la start-up est passée à 170 collaborateurs dans le monde, parmi lesquels une trentaine de conseillers à l’achat et à la vente. WatchBox prévoit ainsi de réaliser 200 millions de dollars de chiffre d’affaires en 2018 et de parvenir à 500 millions dans un avenir proche. Après les États-Unis, Hong Kong et juste avant l’Afrique du Sud, la société américaine a ouvert ce printemps une filiale en Suisse. À sa tête, Patrick Hoffmann, l’ancien CEO d’Ulysse Nardin, qui nous a reçus dans ses bureaux de Neuchâtel.

Après 18 ans chez Ulysse Nardin à vendre des montres neuves, pourquoi avoir choisi le marché de l’occasion ?

Mon dernier jour de travail chez Ulysse Nardin était un lundi. Le mardi, j’avais rendez-vous avec Danny Govberg au Palafitte. C’est un homme extraordinaire : ses idées à contre-courant et son esprit de famille me font constamment penser à Rolf ! (Rolf Schnyder, ancien propriétaire d’Ulysse Nardin, décédé en 2011, ndlr). Puis je suis allé à Philadelphie, visiter les locaux de WatchBox. Autant dire que cela n’a rien à voir avec une entreprise horlogère. Le côté technologique est fascinant, j’avais l’impression d’être chez Google ! J’ai tout de suite dit que j’étais partant.

Vous avez donc ouvert l’antenne suisse de WatchBox en mai dernier, en tant que Vice-Président Exécutif. Où en est votre déploiement ?

Nous venons d’ouvrir un bureau à Neuchâtel qui emploie six personnes avec moi. Il est clair que notre développement va prendre plus de temps qu’aux États-Unis. Nous devons nous construire une notoriété et établir une relation de confiance avec les consommateurs, sans laquelle rien n’est possible. Mais la Suisse a un énorme potentiel et pourrait bien devenir un réservoir pour le marché américain, mais aussi pour nos filiales de Hong Kong et d’Afrique du Sud.

Plus nous acquerrons de légitimité, plus le marché gris va disparaître. Nous ne sommes donc pas une menace pour les marques.
Quel accueil les marques horlogères suisses réservent-elles à l’arrivée de WatchBox ?

François-Henry Bennahmias, CEO d’Audemars Piguet, est ravi. Et dans un article paru dans Forbes, Georges Kern, CEO de Breitling, a déclaré de son côté qu’une plate-forme comme la nôtre, capable de certifier la provenance et l’authenticité des montres, était la meilleure manière de lutter contre le marché gris, qui représente 80 % des ventes en ligne de montres de seconde main dans le segment du luxe. Plus nous acquerrons de légitimité, plus ce marché parallèle va disparaître.

WatchBox ne représente donc pas une menace ou une concurrence pour les marques et les distributeurs ?

C’est l’inverse, à vrai dire. Nous apportons une valeur ajoutée au marché de l’occasion, qui soutient la croissance du marché du neuf. Les collections des clients étant valorisées, ces derniers sont plus enclins à acheter de nouveaux modèles.

Vous faites pourtant de l’e-commerce ?

Nous pensons au contraire que l’e-commerce est dépassé ! Le système « clic & buy » est déjà obsolète. Lorsque vous allez dépenser 20’000 francs, à un moment donné vous avez envie d’avoir quelqu’un qui vous conseille.

Comment donc fonctionne WatchBox ?

WatchBox repose sur quatre piliers : l’information, la vente en ligne, le conseil personnalisé et les rencontres événementielles. Nous mettons à disposition sur notre site quelque 4 ‘000 vidéos parlant de 2’000 montres. Notre présence à Neuchâtel se justifie d’ailleurs par notre volonté de monter un studio, dans nos locaux, afin d’y interviewer des acteurs de l’horlogerie. De plus, nous diffusons de l’information horlogère. Internet a beaucoup contribué à parfaire les connaissances des consommateurs. Ceux-ci pourront également prendre contact avec nos conseillers, par tous les moyens électroniques existants : Skype, téléphone, WhatsApp, mail… Enfin, nous prévoyons des événements comme des garden-parties ou des visites de manufacture, de manière à nouer des relations privilégiées. C’est un ensemble de services vous permettant de vendre, acheter ou échanger une montre.

Nous avons développé une App comparable à l’Eurotax des voitures en Suisse, un indice que nous sommes les seuls à offrir.
Est-ce assez pour construire la légitimité dont vous avez besoin ?

Nous avons une arme secrète ! Nous avons développé pour notre App ce que Forbes a appelé le « Kelley Blue Book » de l’industrie horlogère, soit l’équivalant de l’Eurotax des voitures en Suisse. Cet algorithme tient compte des prix des montres d’occasion répertoriés sur des dizaines de sites et calcule la valeur de la montre que vous lui soumettez. Une valeur qui fluctue dans le temps, en fonction de l’offre et de la demande. C’est un indice que nous sommes les seuls à offrir, une fonctionnalité très appréciée.

Un client peut donc faire évaluer gratuitement sa montre ?

Effectivement. Une montre ou toute une collection. Le cœur de l’App est la Watch Box, sorte de coffre-fort numérique abritant le portefeuille de montres de chaque client. Nous avons déjà 20’000 personnes inscrites, lesquelles ont enregistré des pièces représentant une valeur marchande de 500 millions de dollars.

Un bon moyen de sonder le marché !

Hypothétiquement, nous pouvons en effet proposer de la gestion d’actifs, en suggérant au client d’acheter ou de vendre. Mais nous n’en sommes pas encore là.

Et vous pensez que les Suisses vont adhérer ?

On parle beaucoup des millennials. Ces jeunes n’aiment pas thésauriser, collectionner, accumuler. Grâce à eux, une quantité incroyable de montres de famille vintage vont refaire surface, au moment où ils voudront s’en débarrasser pour acheter autre chose. Et notre modèle résout les principaux écueils du marché de l’occasion que sont les incertitudes sur les contrefaçons, les doutes sur les prix, l’accès limité aux services et les risques liés à la livraison. C’est tout ce que le consommateur demande.

Nous estimons que le marché de l’occasion s’élève à 500 milliards de dollars par an.
Combien représente le marché des montres de luxe de seconde main au niveau mondial ?

D’après Jon Cox, analyste chez Kepler Cheuvreux à Zurich, le marché des montres d’occasion représente actuellement 5 milliards de dollars par an. Mais je pense qu’il est sous-évalué. Sur la base des ventes mondiales de ces 15 dernières années, nous estimons que la valeur des montres non portées s’élèverait à 500 milliards de dollars. Potentiellement, il peut donc devenir plus important que les ventes de montres neuves.

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