SIHH : les femmes et les diamants d’abord

N’est-ce pas un formidable progrès pour une femme que de pouvoir donner l’heure à un homme tout en lui soutirant un « waouh » à s’en décrocher la mâchoire devant tant de beauté mécanique ? Ou bien deviser d’égal à égal avec lui sur le ressort moteur, le barillet, voire les moulures – ­non, pas du parquet – mais du mouvement de sa montre ? Derrière ces avancées, il y a des horlogers qui remplacent l’équation quartz + nacre + brillants  =  garde-temps au féminin par des modèles chics et techniques. Comme à son habitude, Richard Mille fait honneur au propos avec une montre forte et audacieuse : le modèle tonneau RM 19-02 Tourbillon Fleur. Une fleur de magnolia enlace de ses 5 pétales réalisés et peints à la main un tourbillon volant, mis au point par Audemars Piguet Renaud & Papi. Grâce à un système d’automate, la fleur qui enferme la cage de tourbillon s’ouvre et se referme toutes les 5 minutes. Un poussoir à 9h permet de l’actionner sur demande. La coordination des 5 leviers associés au tourbillon est l’une des plus belles éclosions de ce début d’année.

Chez Roger Dubuis, c’est la forêt de Brocéliande qui sert de fil rouge à une trilogie poétique sur le thème de la feuille de lierre. Version féminine du squelette, l’Excalibur Brocéliande implique une collaboration étroite entre deux métiers très différents : l’horlogerie et la joaillerie. Edition limitée à 28 pièces et sertie d’environ 3.44 carats, elle combine un monde entièrement dédié aux pierres précieuses avec une forme d’expertise nécessitant une précision au 1/100e de micron. On pourrait croire à un mélange des genres. A tort. La tentation de marier des diamants avec une belle mécanique fait partie intégrante des nouveaux codes. Certes, les femmes ont le désir de porter des pièces joaillières. Mais elles optent aussi pour des modèles que ne renieraient pas les hommes ou plutôt qui les placent sur un terrain d’égalité.

Les femmes entrent dans le chiffre d’affaires

Bons élèves, les horlogers ont compris la leçon : considérer les femmes c’est gagner des parts de marché. Jaeger-LeCoultre met la gente féminine sur un piédestal avec sa montre Rendez-Vous Moon dotée d’une complication phase de lune. Un astre rendu encore plus poétique par un cadran, aux couleurs de la voûte céleste, calibré pour rester précis durant 972 ans. Soufflant ses 260 ans avec panache, Vacheron Constantin ajoute de son côté une élégante interprétation d’une complication horlogère conjuguée au féminin : un nouveau chronographe à double poussoir dans sa collection Harmony. En son cœur bat le calibre 1142 à remontage manuel. Edition limitée de 260 exemplaires numérotés, la montre affiche gracieusement une lunette sertie qui totalise 1.20 carat. Cerise sur le gâteau ? Le chronographe est estampillé du prestigieux Poinçon de Genève. Chez Audemars Piguet, la femme est au centre avec la montre Millenary au mouvement retourné, même si quelque peu éclipsée par sa consœur, la Diamond Punk, avec son bracelet manchette étincelant de diamants.

Enfin, impossible de passer à côté de Cartier et de sa « vibrante » Ballon Bleu. Trois brevets, et 5 ans de développement ont été nécessaires pour mettre au point ce nouveau serti révolutionnaire qui fait vibrer les diamants. C’est l’une des plus fortes sensations du salon. Chacune des 123 pierres est montée sur un micro ressort qui s’anime au moindre tremblement. La pièce est dotée d’un mouvement extra-plat 430 MC, véritable secret d’initié au féminin, pour qui sait reconnaître le bel ouvrage. Pour ainsi dire : bienvenue au club.

Article paru dans le WtheJournal.com